Chien me pleure !

Les larmes du chien
errent sur la roche
plainte évaporée
sur la faille bleue
d’un nuage aliéné
et d’une tristesse cocue

Les larmes de Cerbère
plaignent l’impi
reniant son sentier
en galopant sans bruit
sur des épis brûlés
par le feu des pupilles

Les yeux du chien
enfoncent la honte
dans le goulot d’or
du flacon en cristal
qui berce la nuit
les matins de venin

Le regard du chien
scrute l’ancêtre
halo de folie
sur le scalp meurtri
par le soleil imbu
et le sable déchu.

Les pleurs de Cerbère
retentissent stridents
comme la lame pucelle
du sabre sans glas
dans l’hymen déchiré
d’une raison violée.

© Amina MEKAHLI

Le blé mourant

Si je dois essayer
D’être là ou m’attend
Le ciel loin d’ici
Commune et tentée
Blasée sans reliefs
Habillée des guenilles du oui
Si je dois essayer
D’être à coté de moi
Me fuyant sur la pente
Pour lester mes tares
Dans le fossé perdu
Des faux-semblants
Si je dois essayer
De m’avoir sur le dos
Lourde charge usée
Par l’envie du déni
Sous le poids du si
Conditionnelle à vie
Si je dois essayer
De fermer l’œil
Pour masquer le bruit
Du cœur qui frémit
Sous l’ombre du délit
Au soleil de l’esprit.
Si je dois essayer
De partir loin de moi
Retrouver mon ennui
Sous les amis jaunis
Couchés sur leur vie
Allongés sur la mienne.
Si je dois essayer
De faire mine de
Rien sans rien de rien
Je ferais feu de paille morte
Et pain de blé mourant
Pour nourrir ma bouche évanouie.

© Amina MEKAHLI

Dès Partir

Partir plus loin
que bruit
qui vient
de loin
Partir coté
silence
qui clôt
le rêve
Partir en soi
chercher
les autres
pas
Partir ailleurs
ou pas
les yeux
bougent
Partir au je
dés en train
sur la roulette
jouer demain
Partir à fleurs
qui poussent
chemin
sur mains
Partir chez Terre
où elle est
ici ou sur
Terre
Partir au ciel
et rire
de ne plus
en revenir
Partir des autres
et laisser
vieillir
le souvenir
Partir en fumée
salir les nuages
et pleuvoir
en étoiles.

© Amina MEKAHLI

Impact désert

Le vent me laisse un parapluie
quand de nuit je suis trempée
de tristesse et de trajets
Le vent me donne la main
quand mes pieds content
leurs pas
Le vent me chante l’adieu
quand l’au-revoir bleu
blanchit mes cheveux
Le vent me rit au nez
quand je souris des yeux
à ta bouche bannie
Le vent me tourne le dos
quand j’avance en reculant
vers mon étrange pays
Le vent me serre dans ses bras
Quand je m’endors déchue
sur une terre indue
Le vent me souffle sans peine
Quand je plante mes larmes
sur des pétales séchés
Le vent me dresse dune
immortelle et fragile
sur un puits inconnu
Le vent me dessine ton âme
et ton âme me dessine
le vent
Le vent emporte le sable
et le sable me porte
vers toi.

© Amina MEKAHLI