L’écho du tambour

Pas peur de te voir juste envie de t’entendre

Juste envie de toucher le rugueux de ton lisse

Te détruire la mémoire le temps d’une mélodie

Et y graver cette histoire que déjà je languis.

 

Pas peur de te voir ton image m’est absente

Mes mains te savent déja certitude effrontée

Sur ton ombre qui m’habite depuis que je te sais

Et que je m’ignore moi même,spectrale à tes côtés.

 

Pas peur de te voir si tu reviens, battements

Pour rouler sans partance sur ce rail éventré

Je te conterais les cailloux qui me traçaient l’oubli

Sur le quai des souvenirs où je range tes pupilles.

 

Pas peur  de te voir mes yeux sont en silence

Comme des arènes vides,de paresse et d’ennui .

Le sommeil les proméne sur des  rêves endeuillés

Et les abandonnent cois à ton visage inconnu

 

Pas peur de te voir juste envie de t’entendre

Me hurler ou me taire ce pourquoi je m’enfuis

A mille lieux sous ma voix qui porte aux vents

contraires,la fureur d’une vie sans image et sans bruit.

 

Amina MEKAHLI.

 

Je suis un au retour

Le retour du départ, entrer dans la coupure, mettre le pied dans la lésion, le premier puis le deuxième, le corps dans la saignée du revenir, figer ses froidures sur le tiède que la mémoire tente désespérément de réchauffer,  en vaines bouffées bouffies par les nuits jumelles et dépareillées.

Le réveil de l’insomnie se fait annoncer par des songes superposés sur une estrade ouverte, grouillant de verres cassés et de bouteilles sinistrées poussiéreuses, couvertes de bruit et de soif, inertes et sourdes aux appels du dernier témoin qui  se décharge de moi pour vider les lieux- corps. Ordures.  Ma rue.

Le froid se répand  flaque sur la chaleur d’Humaine,  déboule, mouille les vieux os serrés l’un contre l’autre, les noie dans la bile, noire de servitude, flot  solide qui résiste aux apnées de mon flegme, aux dernières asphyxies de ma vigilance. L’agonie des cercles fermés rode autour de l’irrationnel carré de mon crane immergé dans la décharge électrique.

Le retour dans l’oubli, sans oubli, le detail toujours surgit, croise les oreilles sur un propos muet et s’agite tel le drapeau désespéré sur, un reste englouti, il gigote,  un râle grinçant les dents du palais sans secret.

Le retour en fanfare , les cuivres de la déconfiture, les timbales de Cerbère, les jappements de l’aphasie reconquise,

et puis, la clé au bout de la corde, dans le trou noir, théorie qui se multiplie, des tours dans le vide et puis des tours, et encore je tourne et puis je m’introduis et je tourne, le trou noir  me fuit, me tombe la clé et me ferme sans faille, je ne trouve plus mon échancrure, sa faille, je ne trouve plus l’entrée,  peut-être sortie? Je ne me rappelle pas si je suis condamnée dans  dedans ou dans hors de moi, je ne me rappelle pas, Cerbère, était  départ ou  retour? Je ne me rappelle pas, la sentence était dans lequel sens, je ne me rappelle pas , le nombre de mes os, la clé tombée de la corde dans le vide, je m’appelle, ma rue au bout de l’éclaircie, le drapeau déchiré flotte sur mon poumon gauche décollé, je suis ici en mon for dévalisé, je suis dedans le retour, je suis désarticulée du départ, je suis quelques os du déluge, je suis trois, deux, un os, je suis l’os de Cerbère, je suis un au retour.

© Amina MEKAHLI

Écrire dans l’urgence

J’aime ces enfants aux couleurs de femmes

J’aime ces maladresses qui révèlent l’impasse

J’aime ces prêches qui ne parlent qu’à l’autre

J’aime cet autre qui me poursuit à perdre haleine

 

J’aime moins ces femmes qui feignent le possible

J’aime moins cet imparfait qui s’habille de certitude

J’aime moins cette désolation qui chante sans tempo

J’aime moins ces plumes qui laissent nus les oiseaux

 

Je n’aime pas du tout les voix qui courent à l’urne

Je n’aime pas du tout ces mains qui saluent le vide

Je n’aime pas du tout ce semblant de chaleur froide

Je n’aime pas du tout cet amour qui n’est pas destiné

 

J’aime ces enfants qui ont appris à s’aimer

J’aime ces femmes qui se voilent de poèmes

J’aime ces vers qui ressuscitent de l’impossible lueur

J’aime la lumière qui me guide dans la pénombre des autres…

 

Amina MEKAHLI

 

un vieux coucou

Les feuilles s’empilent usées
Sur mes silences désabusés.
La noirceur de mes crayons
Dessine comme les rayons
De la roue de l’infortune.
J’avais bâti château sur lune,
Palais- temple des dérisions
Sur des piliers d’illusions.
Tel un tombeau de l’insolence
En territoire de l’innocence
Quelle perfection d’ignorance !
Risible est le temps qui danse
Sur la niaiserie de l’enfance
Et la pâleur de ses croyances.
Les feuilles s’envolent au vent
Une fenêtre ouverte au temps
Laisse partir tous les tourments
Vers un lointain ressentiment.
J’ai trouvé un soir dans ma main
Un crayon, une gomme et une clé
La clé du temple du lendemain
Que j’avais bâti dans tes allées
Oh !comme le temps est temps
De dessiner une porte en sortant
Et d’y accrocher la clé d’antan
Comme un coucou porte-bonheur
Qui récite les heures à l’heure.
Qui égrène les silences désabusés
Dans une mystérieuse horloge usée.

© Amina MEKAHLI