Pierre au trot

De vos riens sur mon tout
on fera tourner le monde
dans un sens ou dans l’autre
pour que tourne la page.

Les regards du passé
se posent impuissants
sur le sentier terreux
d’une nation d’essaims.

Toutes les fleurs soudain
s’envolent sous le vent
qui les sert aux passants
comme tracts du levant

Ces petites mains fleuries
maladroites et rieuses
semblent dire a jamais
C’est demain qu’on sera nées.

Les visages de momies
s’éclairent d’une folie
comme croissant d’une lune
sur une bouche blessée.

Petits soldats de sable
téméraires et fougueux
nomades au coeur friable
prenez- vous au serieux.

Je ne suis plus une fleur
depuis que je m’enfuis
de ce champs en couleurs
où la patrie s’ennuie.

Je ne suis qu’une pierre
impassible au froid coeur
mais je roulerai ma bosse
sur vos pas de guerriers.

© Amina MEKAHLI

Chien me pleure !

Les larmes du chien
errent sur la roche
plainte évaporée
sur la faille bleue
d’un nuage aliéné
et d’une tristesse cocue

Les larmes de Cerbère
plaignent l’impi
reniant son sentier
en galopant sans bruit
sur des épis brûlés
par le feu des pupilles

Les yeux du chien
enfoncent la honte
dans le goulot d’or
du flacon en cristal
qui berce la nuit
les matins de venin

Le regard du chien
scrute l’ancêtre
halo de folie
sur le scalp meurtri
par le soleil imbu
et le sable déchu.

Les pleurs de Cerbère
retentissent stridents
comme la lame pucelle
du sabre sans glas
dans l’hymen déchiré
d’une raison violée.

© Amina MEKAHLI