Les prières faites aux seins arrivent-elles aux oreilles de Dieu

Les prières faites aux seins arrivent-elles aux oreilles de Dieu
Quand les mains sont jointes sur l’absence
Le bleu du ciel est vide, plus d’étoiles à compter

Et puis quelques fleurs un jour, et des petits mots insensés
Embrasent les joues, allument la flamme grisonnante sur le front

Parce que les rires ne s’oublient pas aussi vite que le chemin
Et que nous nous sommes perdus juste le temps d’une larme
Qui a duré un siècle et qui a rencontré les années définitives.

Les corps dans les jardins ne sont que promesse de paradis
Alors que l’enfer ressemble à la solitude glaciale d’un rocher qui ne se brisera jamais
L’éternité est sans douceur, les instants furtifs où s’emballent les mots
Les phrases inachevées, les musiques folles, et les mains, sont la feuille de vie.

Les prières faites aux seins arrivent-elles aux oreilles de Dieu
Quand femme je suis née pour  t’engendrer, j’ai eu mal de ma déchirure de toi
Et j’ai continué sur la voie lactée à voler des papillons de nuits au malheur
J’ai volé au malheur toutes les couleurs de la tendresse que j’ai pu reconnaître.

Invitez-moi au bal des hommes pour apprendre la force d’oublier et oublier
Je suis née dans un vide de toi, à côté de ce désert où nous marchions les promesses et moi
Et j’ai marché si longtemps que les promesses sont mortes de soif, et que le désert a pleuré ma solitude

Un jour ce mirage que j’appréhende me fera courir vers ma perte, les mains levées vers demain
J’imaginerais le dénouement au bout de la vie sans toi, une vie de femme qui pleure plus fort que les sanglots

Les prières faites aux seins arrivent-elles aux oreilles de Dieu
Quand les mains sont jointes sur l’absence
Le bleu du ciel est vide, plus d’étoiles à compter…

 

© Amina MEKAHLI

Dans ce jardin bleu où dort mon chagrin

J’aperçois enfin au loin, ce souvenir que depuis quelques secondes je cherche, une forme, une flamme, un œil terne, quelques cheveux qui ont grisonné hors de ma mémoire sans doute.

La pluie ici est un don du ciel. La terre comme les dromadaires endure la soif, pour porter les hommes jusqu’à la mer. Les bateaux, ici, personne ne les regarde plus, ils ont l’odeur du poisson, pas celui des marins ni des ports en fête.

Et puis cette chanson qui revient de plus loin que le souvenir incertain et titubant dans le chagrin, une chanson de joie, un peu mélancolique, pas beaucoup, une chanson de loin, car loin est toujours beau.

Berce-moi la tête pour qu’un soir s’arrêtent
Toutes les chansons qui n’ont pas ton nom

Garde moi ma langue jusqu’au lendemain
Dans ta bouche pleine des plus beaux serments

Berce-moi la tête pour que tout s’arrête
Dans ce jardin bleu où dort mon chagrin…

Les feuilles des arbres ne tombent plus, les troncs sont nus, c’est ainsi au désert, c’est ainsi quand tout devient aride et sans beauté.

Quand l’amour appartient aux plu forts, quand la joie appartient aux plus grands, quand le chemin appartient à ceux qui nous ont volé nos pieds.

Nous regarderons enfin la mer, et au loin, un bateau, et plus de souvenirs. La mer et les hommes, et les vagues qui m’enivrent de vin, et de chagrin.

Berce-moi la tête pour avoir vingt ans
Et sourire de vrai sans  craindre  le temps

Garde-moi mon âme au fond de ton corps
Assis près de moi sur la route blanche

Berce-moi la tête pour que tout s’arrête
Dans ce jardin bleu où dort mon chagrin…

Je ne retrouve  plus le rivage, mes bras sont trop lourds pour porter leurs fruits. Je vais en silence écouter sous les fenêtres, là où les lumières ressemblent au bonheur.

Je marche sous l’ombre d’un feuillage imaginaire, d’un ciel dont le bleu me fait peur. Les routes sont pour les hommes. Je suis leur moitié, la moitié de leur Dieu. Et puis cette chanson.

Berce-moi la tête pour que tout s’arrête
Dans ce jardin bleu où dort mon chagrin…

 

© Amina MEKAHLI