Quand je n’ai pas su te dire

Le ciel s’éteint dans une étoile devant la lune
Et tout recommencera par un rayon de soleil
Je ne vois dans le noir que parce qu’il y a tes yeux
Je n’entends jamais le rossignol qui chante sans ta voix
Je te sais muet et sourd
Je t’ai appris par coeur dans mon coeur
Je te récite parce que je t’oublie quand vient le tourment

Je n’ai pas de fil blanc pour coudre ta vie à la mienne
Je nous attache par moments
Avec la tige fragile de la fleur bleue
La fleur bleue que tu as versée dans mon devenir
Je ne regarde plus la mer car elle te ressemble le soir venu
Quand tes abysses ont la noirceur du blanc secret
Et que tes bateaux voguent sur mes rivages audacieux

© Amina MEKAHLI

Un blanc matin loin du ciel

La vaine divinité se morfondra
Sur les toits brûlés ,sur les nids vidés.
L’oisillon a déserté le ciel, déchu.
De ses illusions,de ses plumes au vent,
Déchu de sa langue d’oiseau, déchiquetée,
Il existe des mots qui blessent.
Les dieux s’ennuient sur le toit du monde.

Ils jouent aux échecs des destinées crues,
Ils jouent aux cartes sur le globe avorté.
Bâtard oisillon se confondra,
Sur les identités calcinées aux frontières,
Le blanc public et le noir ultime.
Collés à la peau du drapeau, générique.
Adieu! visages bouffis d’insouciance!

Il faudra manger les restes,finir son bol,
Et ne pas mettre ses coudes sur la table,
Des négociations
Les dieux ne jouent pas à la marelle,
Sur des cases dessinées à l’aveuglette.
Les corps sauteront sur un seul pied de bois
Légers comme un oisillon du printemps.

Designer la case et y rester,les barreaux,
Pousseront droit comme des épis de blé
Sur un champ de mines.
La vaine divinité, de patience vous arrose,
Et m’abreuve.
Gavée de survie,j’attends la note de recours.
Les sirènes retentiront sur la contine désavouée.

Dans la noire prairie.
Visages et regards hagards,ventres creux,
Vous, âmes coupables,le sommeil reviendra
détruire vos rêves.
Car la vaine divinité se morfondra,
Sur les traces vivantes des nids brûlés.
Un blanc matin loin du ciel.

© Amina MEKAHLI

Deux mains d’hier

Je les ai vues nourrir les petites bouches ingrates
Et se brûler mille fois sur des charbons ardents
Faire de leurs haillons des capes de décence
Et de quelques grains séchés un somptueux festin.

Je les ai vues toucher les plaies du souvenir
Et guérir la vieillesse en effleurant la mort
Offrir des bouquets blancs en torsades d’épines,
Tissés des nuits entières sous le chant de la lune.

Je les ai vues frapper sur des tam-tam,vaillantes
En chantant les amours qu’elles avaient oubliés
Elles sentaient les battements des cils larmoyants
En suivant la cadence du vent sur les palmiers.

Je les ai vues trembler mille fois sur une feuille
Et se serrer entre elles pour avoir moins froid
Elles connaissaient d’instinct le langage du coeur
Et ne s’offraient jamais au dieux de la misère.

Je les ai vues blessées sur la ligne du destin.

Teintées d’eau de rose et de henné
Ces mains qui pétrissaient la vie des hommes
Ne savaient pas écrire leur tragédie.

© Amina MEKAHLI.

Je dédie ce texte à Ode et à Jean