De cette gousse de larmes

De cette gousse de larmes
qui sur mon haleine scintille,
comme un canif paresseux.
Je volerai le goût, et le soleil
des choses tendres, et des mots
doux sur la dentelle de mes doigts.
Je vous écrirai, étoiles envolées
de mon coeur torpillé, de cette grenade
amère et décharnée.
Je vous écrirai la blancheur du linceul
de mes rêves, la noirceur du khôl
de leurs yeux d’égorgeurs de demain.
Je vous écrirai le temps alourdi
de sentences et de menaces,
de tiraillements des sens, au nord
perdu.
Je vous écrirai le lait tari dans mes seins,
le pain brûlé à mon feu éteint,
les mains glacées du salut.
Je suis haletante, essoufflée, suante
aux portes closes, implorant les yeux
des tombes et des sépultures bénies.
Je suis fille de la terre retournée,
des saules pleureurs et des chrysanthèmes,
des rives débordantes et des vallées sans nom.
Je suis femme sans armure
et sans pieds, je suis le buste en acier
du canif paresseux.
Je n’ai jamais su blesser…
Amina MEKAHLI.