L’an 15 après 2000 en Algérie, encore dans un sous-sol, le dos courbé et la langue pendue, nous attendons celui qui tire. A combien d’exemplaires ? Combien sommes-nous déjà ? Des millions je crois. Tous.
Nous ne sommes pas d’obscurs personnages, des braqueurs de la pensée unique, des voleurs de soucis des champs.
Nous ne sommes pas des égarés d’un système qui ne nous a jamais inclus. Nous ne sommes pas des illuminés, ni des chercheurs de destins.
La chaleur des lettres et des mots, des bougies (L’autre a toujours ses soucis avec Sonelgaz ) des étreintes et des peurs. La soif d’un jet d’encre sans compromission ni complaisance. La richesse des bouts de fins nous ont fait commencer.
Tout le monde lit quelque chose ou quelqu’un, nous lisons des siècles et des voix éteintes, nous ne choisissons plus, nous avons sévi en sous-sol. Nous fouetter d’injonctions nous sert de fil blanc.
L’histoire commence ! Comme toutes les histoires, nos personnages sont imaginaires, nos auteurs sont inimaginables, nous ne fuyons plus. Nous vous écrivons.
Nous sommes Corrosifs car nous sommes vivants, embués, aveuglés, hagards, certes, mais lucides jusqu’à la nausée.
Gavés des trames réversibles, des textes lisses, des pourvoyeurs de titres, des donneurs d’honneur, des vendus, des achetés, des prêtés, des offerts, des jetés. Tous ces prête-noms aux plumes de Paon, trempées dans les tiroirs-caisses du culte des héros.
La nuit est ce réseau social qui nous lie, délie nos langues qui fatiguées de lécher, s’assèchent. Les langues de bois aboient nos desseins. Nous dessinons aussi. Les langues mortes nous assaillent, nous volons les langues vivantes des autres. Les langues de putes nous flagellent nous sommes des Corrosifs.
Écrivains et poètes, rien n’est définissable à ce prix. Nous citons, nous récitons, nous disons parfois ce qu’aucune trajectoire possible ne dira pour nous. La finitude c’est d’être « dans » ou « plus loin ».
Nous sommes déjà loin de tout ce qui attire les étoiles en herbe, la gloire, les tambours, les blabla, les pompons … Nous sommes partis à la recherche de nous-mêmes et nous sommes revenus avec ce nouveau numéro.
Bonne lecture à vous, futurs Corrosifs.
© Amina MEKAHLI
(Edito de la revue Les Corrosifs n°6 – juin 2015 – Photo SAS – © Sid Ahmed Semiane)
des millions !
le grand poème « Les Scythes », d’Aleksandr Blok, commence comme ça :
Vous êtes des millions
Nous sommes des nuées …
Merci Gilda Nataf.
un site incontournable pour tous les férus de beaux textes…
bravo Amina!
Merci honorable Amina pour tout ce que vous avez écrit ,que dieu vous donne force et courage et vous protège.MERCI