Histoires à écrire debout (8)

C’est un jeune couple, tremblement de terre de Boumerdes 2003, qui se retrouvent en bas de l’immeuble avec nous, ils se rendent compte qu’ils ont laissé leur bébé, ils s’insultent, mais aucun des deux ne remonte le chercher, jusqu’au moment où ils pense l’un à son argent, l’autre à ses bijoux, et ils remontent en courant à la deuxième secousse.

C’est une femme professeur d’université qui a été enlevée dans le train Blida-Alger, et violée par les terroristes, retrouvée, hospitalisée, à son retour à la vie, elle apprend que son mari à divorcé d’elle pour l’avoir déshonoré.

C’est un couple à Saida, ville d’intérieur du pays, la femme ne sort jamais, sa copine en voile intégral, vient la voir de temps à autre, le mari petit pervers, un jour suit la copine dans la rue pour la draguer, dans une petite ruelle, il la voit enlever son voile, c’est un homme.

C’est notre gardien de nuit, qui a installé son lit dans la loge, et qui nous a mis un grand écriteau, “Cette partie du parking n’est pas surveillée”…

© Amina MEKAHLI

Histoires à écrire debout (7)

C’est un cousin pharmacien qui a fait son service militaire dans une caserne où ils étaient tous de la profession médicale. A la fin de leur service, fatigués, un de leurs compagnons, chirurgien de profession et très imbu de sa personne, leur annonce: Moi j’en ai marre de laver mon linge dans ces conditions, pour les quelques jours qui restent, je ne lave plus, j’ai décidé de jeter, j’ai acheté huit paires de chaussettes et huit caleçons, bon marché, à jeter après utilisation.

Sauf qu’il leur restaient huit semaines…

C’est le gardien de nuit de la résidence où j’habite Ammi Djelloul, un vieux très sympathique avec son gourdin, on se demandait à quoi il servait vraiment mais on l’aimait bien. Un soir on rentre avec une amie en voiture, et un jeune que je ne connais pas, au lieu d’ouvrir le portail, nous dit : SI Djelloul est malade et vous demande qui vous êtes? , je lui réponds c’est Moi, il disparaît un instant dans la loge puis revient nous ouvrir, et toi tu es qui? Moi je travaille chez Si Djelloul…

C’est un vieux couple dans un restaurant, elle en djellaba et tenue traditionnelle, et lui petit vieux au regard amoureux, ils mangent, ils discutent ils boivent, ils se regardent tendrement, il lui offre tout ce qu’elle veut, le vin au début, puis une vodka orange, puis un Gin Tonic, puis vin blanc, puis Get 27, puis…je ne me rappelle plus, on s’est dit elle va mourir avec ce mélange, on a parlé trop tôt mes amis et moi, la vieille s’est mise à vomir par terre, sur la table, elle était dans tous ses états, blême, en sueur, les serveurs ne savaient plus quoi faire, le patron du restaurant s’excusait à toutes les tables, et lui le petit vieux avec son petit mouchoir lui épongeait le front, lui essuyait la bouche avec sa main, lui embrassait la tête en pleurant…Il est arrivé à la soulever avec l’aide des serveurs et ils sont sortis…L’une des plus belles scènes d’amour que j’ai vu de toute ma vie.

© Amina MEKAHLI

Histoires à écrire debout (6)

C’est un taxi inter-urbain une vieille 504 break année 1965, je suis assise à la place devant, depuis qu’un jour j’ai trouvé un règlement qui traînait dans un taxi et que j’y ai lu, si une femme arrive et que tous les autres passagers sont des hommes, elle a la place de devant, je ne me gêne plus, depuis pour réclamer ma place. Le vieux chauffeur est très sérieux, de ceux qui vous mettent le coran dés qu’ils démarrent, et là aussi la lecture du règlement a été utile, l’utilisation du poste radio se fait avec l’accord des clients, donc chemin faisant, je reçois un coup de fil, je lui demande de baisser le volume et il me regarde bizarrement, comment j’ai osé lui demander d’arrêter le coran, et je lui dis c’est marqué dans votre règlement ! Je décroche donc et je papote, je raconte à mon ami, que le conducteur roule doucement, car à chaque fois qu’il accélère, son capot s’ouvre et il est obligé de s’arrêter pour le refermer, je me donne à cœur joie à décrire le vieux tacot en français pour pas être comprise, tandis que le vieux lui discute avec les autres passagers en arabe. Une heure après, et quelques coups de fils pendant lesquels j’étais morte de rire à décrire mon voyage, la voiture et tout. Mon ami qui devait venir me récupérer me demande à quelle heure je serais à la station. Je reprends mon sérieux et je demande en arabe au vieux chauffeur : El hadj dans combien de temps nous serons arrivés? Et là El hadj me répond dans un français parfait : nous serons à la station dans exactement quinze minutes… La honte !

© Amina MEKAHLI

Histoires à écrire debout (5)

C’est mon ancienne femme de ménage je lui offre un petit cadeau d’anniversaire et elle me dit non ce n’est pas je que voulais, je voulais le parfum Dolce Vita de Dior.

C’est une jeune femme très intellectuelle, qui sort avec un homme marié et qui va trouver une copine dans les toilettes d’une soirée pensant qu’elle draguait le type en question et qui lui dit: deux oui, trois jamais.

C’est une voisine femme de théâtre qui a mis une caméra de surveillance sur le palier et qui dit que c’est pour surveiller un voisin médecin qui lui jette des animaux empaillés et de la sorcellerie devant sa porte.

C’est un guide dans le désert lors d’une sortie, qui me prend en aparté derrière une dune pour me montrer le paysage et qui me dit: je fais tout le catalogue, je lui dis ça tombe bien, je suis intéressée de faire des choses plus loin et plus variées dans le désert, et il m’a dit qu’avec lui tout était possible, je faisais déjà des projets de bivouac, et d’excursions dans ma tête, je lui demande plus de détails sur son catalogue, et il me répond que le sixe il le pratique dans toutes les pousitions poussibles…

© Amina MEKAHLI