Deux mains d’hier

Je les ai vues nourrir les petites bouches ingrates
Et se brûler mille fois sur des charbons ardents
Faire de leurs haillons des capes de décence
Et de quelques grains séchés un somptueux festin.

Je les ai vues toucher les plaies du souvenir
Et guérir la vieillesse en effleurant la mort
Offrir des bouquets blancs en torsades d’épines,
Tissés des nuits entières sous le chant de la lune.

Je les ai vues frapper sur des tam-tam,vaillantes
En chantant les amours qu’elles avaient oubliés
Elles sentaient les battements des cils larmoyants
En suivant la cadence du vent sur les palmiers.

Je les ai vues trembler mille fois sur une feuille
Et se serrer entre elles pour avoir moins froid
Elles connaissaient d’instinct le langage du coeur
Et ne s’offraient jamais au dieux de la misère.

Je les ai vues blessées sur la ligne du destin.

Teintées d’eau de rose et de henné
Ces mains qui pétrissaient la vie des hommes
Ne savaient pas écrire leur tragédie.

© Amina MEKAHLI.

Je dédie ce texte à Ode et à Jean

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