Toi l’île perdue de mes légendes
d’enfant, l’île aux merveilles
pays sans prénom, ville sans
couvercle, maison mauresque
ou presque, un toit, juste un toit
de toi, et je reste chez toit, en toi.
Toi qui m’engloutis jusqu’à l’aveu
me tortures, toi sécheresse empalée,
gazelle en fuite, fil de mes rêves
de patrie, filant comme un trou noir
dans les cieux ouverts, à travers Dieu
qui te rattrape et te désavoue.
Toi chimère de mon âge de fleur
quand tombaient mes dents de lait
et que je croyais te les offrir, terre
de ma tête, terre de mon corps ébloui
quand je te savais et que tu m’ignorais,
étendue sans fin à travers mes pas
de nomade brûlée, de citadine endeuillée.
Toi l’île des îles! où es ton levant?
de quelle mer te mouilles-tu les mains?
quand se lève le jour sur les damnés
de Toi, les oubliés qui t’invoquent
Lève Toi! frappe ton front sur le ciel
qui ne t’aidera pas, le ciel est tombé,
le ciel est tombé amoureux de toi.
Lève Toi!tes fils maudits t’implorent
tes amants verts, tes hommes bleus,
tes femmes incolores s’agenouillent
devant toi, la langue dans le tombeau
et le coeur aux quatre coins de Toi.
Toi qui dort meurtrie entre un journal
et un café, toi qui écoutes les chants
des devins te dire que tu t’enfouis
dans la crevasse des cités perdues,
dans l’océan des chimères broyées.
Toi qui me dessines les oiseaux bleus
et les chemins de blé, toi qui me prends
dans tes dunes et me berces d’épopée
Toi qui m’abreuves de sang et me nourris
de fruits défendus, toi qui me lies en vie.
Toi mon toit
Je te veux Toi
Juste toit
Toit sur moi.
© Amina MEKAHLI