Le retour du départ, entrer dans la coupure, mettre le pied dans la lésion, le premier puis le deuxième, le corps dans la saignée du revenir, figer ses froidures sur le tiède que la mémoire tente désespérément de réchauffer, en vaines bouffées bouffies par les nuits jumelles et dépareillées.
Le réveil de l’insomnie se fait annoncer par des songes superposés sur une estrade ouverte, grouillant de verres cassés et de bouteilles sinistrées poussiéreuses, couvertes de bruit et de soif, inertes et sourdes aux appels du dernier témoin qui se décharge de moi pour vider les lieux- corps. Ordures. Ma rue.
Le froid se répand flaque sur la chaleur d’Humaine, déboule, mouille les vieux os serrés l’un contre l’autre, les noie dans la bile, noire de servitude, flot solide qui résiste aux apnées de mon flegme, aux dernières asphyxies de ma vigilance. L’agonie des cercles fermés rode autour de l’irrationnel carré de mon crane immergé dans la décharge électrique.
Le retour dans l’oubli, sans oubli, le detail toujours surgit, croise les oreilles sur un propos muet et s’agite tel le drapeau désespéré sur, un reste englouti, il gigote, un râle grinçant les dents du palais sans secret.
Le retour en fanfare , les cuivres de la déconfiture, les timbales de Cerbère, les jappements de l’aphasie reconquise,
et puis, la clé au bout de la corde, dans le trou noir, théorie qui se multiplie, des tours dans le vide et puis des tours, et encore je tourne et puis je m’introduis et je tourne, le trou noir me fuit, me tombe la clé et me ferme sans faille, je ne trouve plus mon échancrure, sa faille, je ne trouve plus l’entrée, peut-être sortie? Je ne me rappelle pas si je suis condamnée dans dedans ou dans hors de moi, je ne me rappelle pas, Cerbère, était départ ou retour? Je ne me rappelle pas, la sentence était dans lequel sens, je ne me rappelle pas , le nombre de mes os, la clé tombée de la corde dans le vide, je m’appelle, ma rue au bout de l’éclaircie, le drapeau déchiré flotte sur mon poumon gauche décollé, je suis ici en mon for dévalisé, je suis dedans le retour, je suis désarticulée du départ, je suis quelques os du déluge, je suis trois, deux, un os, je suis l’os de Cerbère, je suis un au retour.
© Amina MEKAHLI