La mort de l’enfant soldat

Sur les bords du cil s’installe et se profile
Le souvenir hideux de l’œil en exil
Frileuse mémoire qui ne dort ni ne file
Quand devant le présent les images se faufilent.

Un visage humecté se contraint au sourire
En un rictus tremblant de fièvre en délire
La bouche rassemblant ses troupes pour partir
Dans un râle étranglant une gorge en soupirs

Le cou de mille nœuds bleuâtres se dessine
Et la poitrine s’agite se déploie et s’échine.
Sur un cœur mal en point et un rythme qui décline
Décline, décline, décline, décline…

La peau s’éteint, le muscle se fane et s’endort
Les mains s’agrippent au vide en un vain essor
Le corps hurle, trahi par sa sève qui s’évapore.
Les oreilles s’attardent sur un factice désaccord.

Les jambes ne sont plus là, parties en guerre,
Elles sont restées accrochées, sans nul repère
A un tombeau de fortune ou git la paire
Grouillant de vermine gourmande de chair.

La mort, cette amie si douce et si lente.
Quand elle arrive enfin à frôler, errante.
Elle s’arrête, s’attarde, se penche et s’impatiente
De conduire au loin ce repu de la tourmente.

L’amie s’éloigne, chargée de néant
Semant l’oubli, sur un souvenir béant.
Les jambes s’enfuient sanglantes vers l’océan
Coulée de sang d’enfants et de sève de géants…

© Amina MEKAHLI

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