Il est venu le jour de lui arracher son air d’enfant
Ce jour où il fait froid dans le coeur des hommes
La musique cherchant en vain l’ultime note de gaieté
Dans le râle des tambours célébrant la mal-vie.
Il est venu le jour de peindre la brume sur ses yeux
Ce jour où il fait noir dans le regard des hommes
Les violons blessés crient dans l’innocence des cordes
Comme des papillons qu’on brûle dans un feu de joie.
Le jour qui est venu sans aube et sans lumière
Ce jour qui assassine les rêves des bourgeons
Se lève tel un rideau sur une scène venue de loin
Où les gestes des aïeuls jouent un acte incestueux.
Donnez nous les jours nous vous prêterons la nuit
Avec sa lune vierge et ses étoiles filantes
Donnez nous la lumière nous vous prêterons la flamme.
Donnez nous ce qui emplit un coeur un instant ou une vie
Nous vous prêterons la danse qui sème le temps dans l’oubli
Qui éloigne l’espoir du désert et la dune de la pluie.
Donnez nous vos armes nous vous prêterons nos âmes
Pour épouser des ombres plus hautes que votre estime
Pour chanter aux oiseaux de la faim l’hymne du pain chaud.
Donnez nous des jambes pour courir avec vous
Et semer nos pas sur des champs de cactus volants
Pour récolter les épines qui accrochent les roses aux fossiles.
Il est venu le jour de partir du fond des autres
Ce jour où il fait froid dans mon coeur aussi
Ma bouche ne parle plus comme parle le trèfle à la fleur de lys
Comme parlent les immortelles aux iris bleuis par la méditerranée.
© Amina MEKAHLI