Que m’importe si tu viens en m’oubliant déjà

Que m’importe si tu viens en m’oubliant déjà
En serrant dans tes mains ta harpe et ton chagrin
Tu me diras ces choses que les dieux nous envient
En enfilant tes mots sur un collier de pluie

Car moi je viendrai ma langueur en drapeau
Toutes mes rancœurs grises estompées au pinceau
Me poser sous tes yeux comme se pose un oiseau

Pour être ces papillons que le temps a conquis
Au bord d’une nuit seule qui passait par ici

Que m’importe si demain ma peau a ses regrets
Quant au bruit de la tienne tous mes os ont dansé
Au rythme de mes dents claquant sous ton volcan

Que m’importe si demain mon cœur est aux remords
Quand le souffle de ton chant fera fondre l’acier
De ces chaines turbulentes qui gigotent en secret
Dans la cave des amours dont personne ne voulait

Que m’importe si demain les continents s’éteignent
Quand tes doigts maladroits en cherchant ma folie
Murmurent à ma raison que la terre va brûler

Parce qu’on laisse ce jamais  en gage d’incertain
Boire une âme enivrée dans  une coupe de venin
Sur les rives d’un instant qui tremble d’exister

Et puis sans entrevoir les heures qui sans promesses
Défilent sur des caresses en effleurant la peur
La peur de toutes les fleurs qui éclosent pour rien
Pour nourrir le présent de la beauté qui  fuit

Que m’importe si tes yeux regardent déjà ta montre
Et que ne compte plus déjà que l’heure de nos trains
Qui iront se croiser dans des champs de  peut-être
Et qui traverseront tous les quais des pourquoi

Que m’importe si nos rides trembleront de chagrin
Quant à chaque air de harpe nos émois rejoueront
Notre chanson d’amour enveloppée du parfum
D’un mélange de baisers de dahlias  de bonbons…

 

© Amina MEKAHLI

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