Elle n’a plus de pudeur elle nue sous ses haillons
Ses seins avaient nourri tous ces hommes assis
Son ventre était plus rond que la terre de Galilée
Et son sexe a disparu dans la lourdeur des fagots.
Elle a eu sur les flancs l’enfance en équilibre
Et sur sa tête plombés des paniers de survie
Quand elle sourit parfois aux arbres qu’elle écoute
Son visage rayonne d’une vieille lumière brûlée.
Elle fit l’amour jadis avec tous les passants
Et couva en sa croupe les semences oubliées
Sa lignée se répand un flux nauséabond
Sur le fleuve qui abreuve le dictât du salut.
Elle ne parle qu’une langue celle des brebis
Qu’elle traduit en dormant pour parler aux bergers
Quand revient le matin sur les mots confondus
Elle n’a pour toute étoile qu’un bâton de sourcier
Sur son dos qui se courbe se posent les hirondelles
Tandis que de ses mains elle caresse les tombeaux
Où dorment ses amants ses enfants et le temps
D’une mort qui ressemble aux lenteurs de la vie.
Elle erre sur des os dans sa chair décidée
Le pas lent racoleur et le souffle coupé
Le sol se retourne sous la honte qui marche
Vers demain sur un globe tatoué au henné.
© Amina MEKAHLI.
Je remercie mon amie poète et artiste plasticienne Marie Hurtrel qui m’a autorisée à utiliser la photo de sa toile « Terre et Mère » cette toile si forte qui m’a inspirée en partie pour l’écriture de ce texte, elle m’a aidée aussi pour le choix de mon titre.
http://www.art-hurtrel.com/
« Terre et Mère » par Marie Hutrel. acrylique, collage, jute, pierre ponce, plâtre.