La mer n’attend pas les scrupules

Il y avait ainsi dans les couleurs du ciel, des nuances qui n’appartenaient qu’à ses pupilles étonnées, un silence lourd de lâcheté tremblait au bout de quelques mains qui jamais ne se rejoignirent, les pas sur les cailloux et le sable ressemblaient à cette écriture enfantine, à ces pétales tombées à terre, je t’aime, un peu beaucoup, à la folie, pas du tout. Dans ces vertiges sans soif et sans aveux, les mots coulaient sur la beauté de la mer, des enfants aux pieds écorchés et aux mains tendues pour quelques pièces avaient des sourires presque moqueurs. Derrière une vielle bâtisse qui en s’approchant devenait un mausolée au toit vert pomme, deux hommes assis à même le rocher récitaient du coran à haute voix, le bruit des vagues ne changeait rien à leur fervente cacophonie, leurs regards restaient baissés imperturbables, posés sur des livres à même leurs genoux enfoncés dans la terre humide.
Cette promenade a eu soudain du sens, tout ce qui ressemble à l’interdit a du sens. Personne ne regardait personne, mais dans des esprits brûlant de soleil, des pas d’hommes perdus, se mélangeaient ainsi aux chemins de l’amour, le silence sous le coran s’éloignait vers le rivage, nos pieds enfin dans l’eau froide, et tout cessa de ressembler à un volcan sans lave. La mer n’attend pas les scrupules.

© Amina MEKAHLI

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