Les petits bateaux en papier (2)

On appelle l’amour, et c’est le corps qui nous répond présent, ce sont nos yeux qui larmoient comme des sources naissantes, nos bouches qui frémissent sous le vent, qui balbutient des incohérences, nos visages qui s’animent, qui gesticulent, qui s’envolent comme des papillons devenus fous, ce sont nos mains qui jurent, qui gomment en pointillés toutes les résolutions, qui dessinent des étoiles et des brasiers, ce sont nos cheveux qui racontent des épopées, nos cils qui contredisent nos regards, nos têtes qui se penchent vers les abîmes, on appelle l’amour et ce sont nos dents qui claquent, notre langue qui pavoise, notre nez qui se souvient, nos pieds qui se débarrassent de nos jambes, nos veines qui se disputent, on appelle l’amour, et il revient, embarqué sur des petits bateaux en papiers, et ce sont nos souvenirs qui reviennent au monde,ces souvenirs qui ressemblent aux champs de labour, qui chantent avec les abeilles autour des fleurs et des guirlandes, on appelle l’amour et ce sont des flammes qui se lèvent, on appelle l’amour et il nous répond dans une langue vivante, la langue des créatures qui y croient.

© Amina MEKAHLI

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