Visage en fugue

Pourquoi n’as-tu pas de visage, quand
Sur mon âme qui te respire comme un nuage
de déjà-vu
Se pose ton regard ouvert sur un bouquet de veines vides
Et que ton baiser surprend mon épaule assaillie
par les sirènes de ma peau qui apprend à se taire
Pourquoi n’ai-je appris de toi que les contours tremblants
d’une présence en herbe
Balbutiante, elle redessine à chaque fois des mots sans traits,
des mots sans bouche, des mots sans masque et sans fureur.
Donne moi ton visage au jour inventé
Pose le sur ma nuit de rêves et d’eau trouble, ma nuit noire
qui recommence sans trêve, sans toi, sans ton ombre même.
Je referme mes yeux en marchant, sur mes larmes sans mémoire,
en trébuchant sur le bruit de ta voix que j’oublie, ta voix non plus.
Je tomberais bien là ou là-bas… juste prés de toute chose et puis
rien.
Rien de toi en surface ne vit, ni de soleil ne réchauffe, car ton visage
n’est pas.
Pourquoi t-ai-je oublié avant les souvenirs, avant le fruit?
Avant d’avoir su tes rides et tes dents
Quand je passe ma main sans thème sur une image
qui ne parle pas.
Pourquoi n’as-tu pas de visage?
Quand je te pleure sans tristesse, sans voir mes larmes dans tes larmes briller
parce que je pleure l’amnésie de toi, de ta ressemblance promise
et de tes yeux où je chercherais peut-être ton visage en fugue.
Pourquoi ne te reconnais-je pas dans la rosée du matin,
quand le matin chante ta présence et que je ne l’entends pas?
Suis-je sourde et aveugle de non-amour
Effrayée que je suis de ne plus t’inventer dans mon voyage?
Je ne te sais plus ni de visage ni de frissons
Et je m’arrête sans mirage et sans soif, sur la source de toi
qui ferme mon exil dans ton royaume effacé.

© Amina MEKAHLI

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