Je suis cheval de feu, et tous les horoscopes me le disent, il ne sert à rien de se cacher sous une peau d’âne… Cette brebis qui sommeille en moi, s’est faite égorgée plusieurs fois. Les mots tuent. Les mots d’ordre c’est jamais les bons. Le mouton O combien de fois j’ai essayé. Le troupeau ne dure jamais. A l’aube de mon âge, je résiste. Mais à quoi bon. Je suis une autruche. La tête dans mon nombril, je cherche le sens.
Une femme qui se bat a souvent des bleus. Une femme qui ne se bat pas a souvent tort. Je reviens chaque fois à l’heure où il faut partir encore. Le temps n’a jamais décidé à la place de quiconque. Le temps sait attendre. Les derniers n’ont jamais les deux mains libres pour applaudir. Alors ils tentent le dernier mot. Et moi je ne mâche pas le temps. Car tôt ou tard ce que tu n’as pas digéré, te donne envie de vomir.
Il y a très longtemps, J’ai été très grande, cet âge où la vérité sortait de ma bouche. Cet âge où il me suffisait de regarder un objet pour croire qu’il était à moi. Cet âge où je n’avais pas à raconter mes rêves, persuadée que mon ami imaginaire les savaient déjà. C’est fou ce que l’on devient petit avec l’âge. On triche, on manipule, on cache, on trahit, on fait semblant, semblant, semblant.
Le seul compliment du matin devient celui du soir. Le miroir ne peut plus rien. Un journal intime ? Pourquoi faire ? Pour maquiller les astres et les lendemains. Un seul couteau sous la gorge. Lucidité.
Mais ce matin encore, j’ai contemplé. Je peux contempler. N’importe quoi de beau. La beauté devient de moins en moins chère. Presque gratuite. Un caillou, une tige qui suit le mauvais chemin, une flaque d’eau. La beauté redevient.
Aucun monde ne tourne sans nous. Nous tournons autour du lien. La force dans le lien comme énergie de toutes les aubes fermées. Le monde comme maison. L’avenir comme univers. Le lien comme patrie. Ma terre a la taille de mes deux semelles. Ma terre c’est là où je peux fouler le sol sans tomber… raide morte.
© Amina MEKAHLI