C’est un taxi inter-urbain une vieille 504 break année 1965, je suis assise à la place devant, depuis qu’un jour j’ai trouvé un règlement qui traînait dans un taxi et que j’y ai lu, si une femme arrive et que tous les autres passagers sont des hommes, elle a la place de devant, je ne me gêne plus, depuis pour réclamer ma place. Le vieux chauffeur est très sérieux, de ceux qui vous mettent le coran dés qu’ils démarrent, et là aussi la lecture du règlement a été utile, l’utilisation du poste radio se fait avec l’accord des clients, donc chemin faisant, je reçois un coup de fil, je lui demande de baisser le volume et il me regarde bizarrement, comment j’ai osé lui demander d’arrêter le coran, et je lui dis c’est marqué dans votre règlement ! Je décroche donc et je papote, je raconte à mon ami, que le conducteur roule doucement, car à chaque fois qu’il accélère, son capot s’ouvre et il est obligé de s’arrêter pour le refermer, je me donne à cœur joie à décrire le vieux tacot en français pour pas être comprise, tandis que le vieux lui discute avec les autres passagers en arabe. Une heure après, et quelques coups de fils pendant lesquels j’étais morte de rire à décrire mon voyage, la voiture et tout. Mon ami qui devait venir me récupérer me demande à quelle heure je serais à la station. Je reprends mon sérieux et je demande en arabe au vieux chauffeur : El hadj dans combien de temps nous serons arrivés? Et là El hadj me répond dans un français parfait : nous serons à la station dans exactement quinze minutes… La honte !
© Amina MEKAHLI