Forcer ses doigts mous
sur un chemin de pierre
à se faire poignards
et blesser de nuit
l’ image endormie
dans un livre fermé
Forcer ses doigts mous
à se faire sculpteurs
et griffer sans repos
le silence immuable
d’un rocher fatigué
au sommet d’une vie
Forcer ses doigts mous
à durcir sous les mots
qui perlent sur la plume
tremblante de chagrin
et noire de l’encre triste
sur une feuille morte.
Forcer ses doigts mous
en l’aube d’un jour déçu
à jouer de la flûte
pour des oreilles coupées
sous l’ombre d’un palmier
dans l’oasis perdue.
Forcer ses doigts mous
dizaine de paresse
usés aux vieux rêves
et jaunis de souvenirs
à écrire cette lettre
qui n’arrivera jamais.
© Amina MEKAHLI