Histoires à écrire debout (11)

C’est une amie il y a bien une vingtaine d’années ou plus, qui est revenue aussi, elle est passée me dire bonjour, le matin, ma maison était sens dessus dessous, mais ce qui était bien à l’époque où je n’avais pas d’ascenseur, cela me laissait largement le temps entre le moment où je voyais une voiture se garer en bas et le moment de taper chez moi, de ranger au moins le salon, quinze étages à pied, ça laisse vraiment le temps… Donc elle arrive, retrouvailles, café, discussion, et à un moment elle me dit excuse moi, je dois passer un coup de fil, elle va à la salle de bain en attendant, moi je vais en courant, à la chambre qui me tenait lieu de bureau, et qui était accessoirement une chambre d’amis, pour ranger le bazar qui trônait au-dessus du combiné de téléphone, à cette époque, nous avions le fixe et c’était déjà le luxe quand il n’était pas en dérangement à cause de la pluie, je balance à me tordre les muscles, tout dans la chambre en face, camoufle, dissimule, embellis, tant bien que mal, tire les rideaux, et je retourne, ni vue, ni connue, au salon, elle est encore dans la salle de bains, elle arrive enfin, et je lui dis : On y va ? … Où me répond-elle ? Tu voulais passer un coup de fil, le téléphone est par ici dans mon bureau, elle me répond, ah non merci c’est déjà fait… Elle avait un GSM, je n’en avais encore jamais vu en Algérie, à part à la télé.

C’est à Alger, il y a quelques années, invitées à une soirée une copine et moi, on attend dans le hall de notre hôtel le copain de notre hôte qui vient nous chercher en voiture, et qui doit nous appeler en arrivant; il nous appelle donc pour dire qu’il est dehors, je sors, je vois une voiture mais sans conducteur, j’appelle mon ami, il me dit mais Amina il est dehors, je ressors, la même voiture vide, je rappelle mon ami qui commence à s’impatienter, et à un moment la voiture s’ouvre côté passager et un type descend et me fait signe, j’ouvre la portière arrière pour monter, et il me dit mets-toi devant, en ouvrant la portière côté conducteur, je lui répond, mais je ne conduis pas… Je ne te demande pas de conduire, monte dit-il à bout de nerfs…Il venait de Londres et sa voiture aussi.

© Amina MEKAHLI

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