S’il devait pleuvoir sur les océans
pour que la liberté parle aux poissons
pour que les vagues soignent les naufragés
pour que les frontières ouvrent leurs mains sales
S’il devait neiger sur les oracles
pour que les prophéties fondent en larmes
pour que les dieux rougissent des hommes
pour que le ciel tombe enfin amoureux de la terre.
S’il devait venter sur les déserts
pour que la solitude emporte les écorchures
pour que les grains de folie embrassent la sagesse
pour que les enfants oublient les mots gourmands.
S’il devait pleuvoir sur les toits brisés
pour que le froid nous resserre contre le destin
pour que le nid se referme sur l’enfant des mammouths
pour que les bouches essuient les rêves de la géographie
S’il devait neiger sur les forêts
pour que l’arbre enlace les feuilles mortes
pour que les chemins de l’ombre montent vers l’étoile
pour que les jeux interdits courent vers la raison qui s’enfuit.
S’il devait pleuvoir des perles
pour que les yeux s’habillent de foi
pour que les mouchoirs blancs s’envolent vers les colombes
pour que les tristes sorts rentrent sous les bras des gens heureux
S’il devait neiger en nous
pour que nos coeurs apprennent à rire
pour que les morts se souviennent du soleil
pour que les âmes brisent les chaines des corps pendus
S’il devait une fois une seule fois et plus jamais
pleuvoir neiger venter sur les rêves des sans-passé
pour que la tendresse abreuve les seins arides
pour que le pain sente l’odeur des amours impossibles
pour que la patience s’habille des fleurs du vivre.
© Amina MEKAHLI