Echange en faux lit

Echange
cuillère en argent
contre baguettes chinoises
et livre d’or
contre carnet de voyage
Echange
odeur de sainteté
contre parfum de nostalgie
et manque de savoir-vivre
contre nécessaire de survie
Echange mot d’ordre
contre un mot à dire
et chant patriotique
contre blague à part
Echange carte du monde
contre grande ours en peluche
et lignes de frontières
contre ligne privée
Echange main basse
contre haute tension
et petits voyous
contre grand Meaulnes
Echange ventre affamé
contre gros yeux
et faux cil
contre vrai maure
Echange tourment
contre tournis
et tournage
contre tourbillon
Echange un grand j’ai cru
contre un petit j’ai vu
et un chemin de croix
contre la croisée des mondes
Echange tes deux vies
contre mes six lances
et tes dix cours
contre mes cinq hop!
Echange train en panne
contre train quai
et panne africaine
contre lu Cid
Echange kilogramme
contre kilomètre
et régime total y taire
contre tôt t’aime et ta boue
Echange visa vie
contre vue sur mes dix terres à nez
et balle des vents pires
contre grand bal con.
Echange sous mis
contre  rai volt
et déserte heure
contre petit soldat de plomb.

© Amina MEKAHLI

Ce texte fait partie d’une série  intitulée “Echange au gré du troc”

Vous avez aimé le texte ? Alors laissez un commentaire juste au-dessous ↓

commentaires

Algérie Requiem

Toi l’île perdue de mes légendes
d’enfant, l’île aux merveilles
pays sans prénom, ville sans
couvercle, maison mauresque
ou presque, un toit, juste un toit
de toi, et je reste chez toit, en toi.

Toi qui m’engloutis jusqu’à l’aveu
me tortures, toi sécheresse empalée,
gazelle en fuite, fil de mes rêves
de patrie, filant comme un trou noir
dans les cieux ouverts, à travers Dieu
qui te rattrape et te désavoue.

Toi chimère de mon âge de fleur
quand tombaient mes dents de lait
et que je croyais te les offrir, terre
de ma tête, terre de mon corps ébloui
quand je te savais et que tu m’ignorais,
étendue sans fin à travers mes pas
de nomade brûlée, de citadine endeuillée.

Toi l’île des îles! où es ton levant?
de quelle mer te mouilles-tu les mains?
quand se lève le jour sur les damnés
de Toi, les oubliés qui t’invoquent
Lève Toi! frappe ton front sur le ciel
qui ne t’aidera pas, le ciel est tombé,
le ciel est tombé amoureux de toi.

Lève Toi!tes fils maudits t’implorent
tes amants verts, tes hommes bleus,
tes femmes incolores s’agenouillent
devant toi, la langue dans le tombeau
et le coeur aux quatre coins de Toi.

Toi qui dort meurtrie entre un journal
et un café, toi qui écoutes les chants
des devins te dire que tu t’enfouis
dans la crevasse des cités perdues,
dans l’océan des chimères broyées.

Toi qui me dessines les oiseaux bleus
et les chemins de blé, toi qui me prends
dans tes dunes et me berces d’épopée
Toi qui m’abreuves de sang et me nourris
de fruits défendus, toi qui me lies en vie.

Toi mon toit
Je te veux Toi
Juste toit
Toit sur moi.

© Amina MEKAHLI

Vous avez aimé le texte ? Alors laissez un commentaire juste au-dessous ↓

commentaires

Alpha bête

Les mots cahotants
sur des oreilles de pierre
retournent en courant
se cacher sous la langue
dans le doux palais
des lettres morts-nées.

© Amina MEKAHLI

Vous avez aimé le texte ? Alors laissez un commentaire juste au-dessous ↓

commentaires

Post Mort Thème

Quand tu dormais dans ton habit blanc
je te souriais en pleurant
je pleurais de voir les autres pleurer
je glissais sur mon désarroi étrangère
à la vie,la tête dans le brouillard
et ton visage qui m’appelait
mais tu dormais dans ton habit blanc
et je ne pouvais approcher tes mains
les autres pleuraient tant que le bruit
devenait blanc,et le silence pleurait
je m’approchais de toi oh complice
dormant,je chatouillais tes pieds
sous ton habit blanc et te souriais
J’attends ton sourire encore ce matin
je te revois dans cette image que je t’ai
dessinée au milieu des pleurs incertains
te levant dans ton habit blanc en marchant
sur les têtes noyées dans les larmes
et prenant le cheval que je tenais pour toi
pour le monter plus loin et franchir les pleurs
à la vitesse de l’éclair et atteindre l’azur
Aujourd’hui encore je les vois soigner le rosier
et je souris car je te vois dans ton habit blanc
chevaucher les prairies et écouter les secrets
au fenêtres fermées quand tombe la nuit
J’attends ton sourire des années depuis en ouvrant
mes yeux ,je te vois quand tu dormais dans ton habit
blanc,je t’accroche un sourire mais ce n’est pas le tien
et j’attends au bord du chemin que tu repasses héros
de ma vie sur un cheval de bois,ou à bascule,
je ne me rappelle pas,cela fait tellement longtemps,
je ne me rappelle pas.

© Amina MEKAHLI

Vous avez aimé le texte ? Alors laissez un commentaire juste au-dessous ↓

commentaires